L'art de Ryubi se situe dans le domaine de l’abstraction. Elle développe un style bien à elle dans lequel les traits tiennent une large place. Le courant de l’abstraction auquel elle peut se rattacher est le tachisme, mais son utilisation de traits et de lignes sont des manières d’organiser l’ensemble des œuvres, dépassant le tachisme simple.
« Cadeaux de l’air » est composé en deux parties. La première en fond est une variation sur les taches bleues jaunes et roses qui forment un ciel coloré sur lequel la seconde partie vient organiser la toile : il s’agit d’une construction de traits créant des formes, s’allongeant en biais sur le fond et formant un graphisme où l'ocre de certaines plages attire le regard. Ce graphisme donne une direction, un mouvement, il est également comme une résille, un filet qui laisse pénétrer la lumière, qui laisse voir le fond, qui sans doute laisse également passer l’air. Le cadeau dont il est question dans le titre est peut-être l’air attrapé par le filet et porté jusqu’à nous. Visuellement, une trame courre sur un élément qui peut s’identifier à un ciel de beau temps. La matérialisation de l’air ?
« Les quatre saisons » sont une composition en plusieurs parties également, une calligraphie, un fond coloré, un ensemble de lignes et de traits, le tout formant un univers abstrait, fortement architecturé . Il y a un graphisme propre à Ryubi, elle enchevêtre les traits, comme dans une écriture automatique, pour obtenir une série de petites lignes courbes. Fleurs ? Papillons ? on ne sait. Ce graphisme remplit et anime l’espace, il met la vie sur les formes abstraites sur lesquelles il vient s’intégrer. La dominante est fournie par l’encre qui donne le corps de l’œuvre, le fond clair porte des touches de mauve et de rose, un fond très discret, les traits brodent au-dessus des agglomérations allant du blanc au noir pour figurer des sortes de fleurs ou de concrétions naturelles.
Nous changeons de registre avec « Le printemps en pleine floraison » une œuvre abstraite dans laquelle nous ne trouvons pas la même démarche créative que dans les œuvres précédentes. Une harmonie de taches rose ou se mêle un peu de bleu pour donner ici où là des tons mauves, d’autres taches, blanches celles-là, ponctuent le rose de sortes de points. Taches et coulures forment l’ensemble, sans ligne directive, sans construction, pour nous plonger directement au centre du printemps, de la floraison. La toile a pour but de nous immerger totalement dans la couleur des fleurs au printemps.
« S’envoler haut dans le ciel » est aussi une œuvre tachiste, mais nous y retrouvons les lignes, celles-ci sont utilisées comme contour pour délimiter les formes. Un dégradé de bleu et vert tirant sur le jaune figure le ciel, les espaces blancs délimités d’un trait d’encre peuvent s’interpréter comme des nuages pour nous inciter à planer haut dans le ciel, dans un lâcher-prise total, la démarche que l’artiste appelle « Attrape-rêve » : nous sortir de notre univers quotidien pour nous faire flotter dans le ciel.